C’est
par une journée de pluie battante que nous avons visité
Ancône. D’autres auraient rebroussés chemin et se seraient
refugiés dans leur hôtel, bien au chaud, mais devant l’énorme
potentiel de cette ville et le fait que la météo de toute
façon ne prévoyait pas d’accalmie pour les jours à
venir, nous avons décidé de braver les éléments
et de partir visiter cette ville d'Ancône. Et c’est ainsi
que nous avons entrainé notre guide, dans un périple humide
mais passionnant !
Pour
bien comprendre la ville d’Ancône il faut avant tout connaître
un peu son histoire. La ville a été fondée par les
grecs qui la bâtirent sur un sommet appelé le mont Conero,
d’où ils pouvaient ainsi embrasser la mer d’un seul
regard. Très vite ils installèrent un petit port marchand
et la ville commença à se développer. Mais c’est sous les romains et notamment sous l’ère
de l’Empereur Trajan, qu’Ancône va s’agrandir
considérablement et devenir non seulement un port stratégique
pour le commerce en Méditerranée, mais une ville riche et
florissante dont elle garde encore aujourd’hui de beaux vestiges.
En effet, celui qui est considéré comme le meilleur des
empereurs romains, va faire d’Ancône une ville remarquable
en y réalisant de gigantesques travaux et en y instaurant une politique
sociale inédite pour l’époque, lui valant la reconnaissance
du sénat romain, qui lui érigera un arc de triomphe, récompense
suprême pour l’époque. Devenu
un port incontournable pour le commerce vers l’orient, la ville
n’aura de cesse de s’agrandir et de s’embellir. Mais
avec la chute de l’empire romain, la ville tombera notamment aux
mains des Wisigoths et finira par s’appauvrir avec le temps et les
différentes conquêtes qu’elle devra subir. Au Moyen
Age, elle subit l’occupation des francs pour ne se relever libre
qu’au XVIème siècle en devenant une république
maritime, et en intensifiant son activité commerciale.
De nouveau riche, la ville attire la convoitise du pape Clément
VII et tombe sous la domination des états
pontificaux. Avec la perte de son indépendance c’est de nouveau
le déclin jusqu’au XVIIIème siècle où
le pape Clément XII restaure les droits commerciaux de la ville
qui retrouve ainsi son importance.
L’histoire
est encore longue, mais nous nous arrêterons au XVIII ème
siècle car ce que nous allons vous décrire maintenant se
trouve lié aux périodes que nous venons de décrire,
et il était donc important d’avoir quelques bases du passé
d’Ancône pour mieux apprécier sa visite.
haut de page
Divisée
en deux, d’une part la mer, de l’autre la terre, la ville
maritime d’Ancône se trouve liée à
la ville historique, par un charmant dédale de ruelles, dont chacune
a une histoire. Et c’est en suivant leurs chemins, que nous allons
vous raconter notre visite qui commence par le port.
Il y a toujours une dense activité à ses abords, car au
delà du commerce maritime, il y a aussi le commerce touristique
avec les ferries et les bateaux de croisières. Mais en longeant
et en nous éloignant du
port, nos pas nous entrainent vers la partie romaine de ce dernier où
l’on peut encore voir les vestiges du
passé romain dont l’arc de Trajan du IIème siècle,
mais aussi l’arc qui fut construit en hommage au pape Clément
XII. Deux arcs, pour deux hommes qui ont énormément apporté
à la ville d’Ancône. Et à travers l’enfilade
de leurs colonnes, la vue sur un autre emblème, la cathédrale
de Saint Ciriaco, perchée sur le mont Conero, là même
où se trouvait l’acropole fondée par les grecs
de Syracuse en l’honneur d’Aphrodite.
Il faut noter qu'un peu plus loin et à l’opposé se
trouve le quartier du Lazzaretto avec
son bâtiment en forme de pentagone, place importante pour les événements
artistiques et culturels que peut organiser la ville.
haut de page Laissont
derrière nous le port, nous allons poursuivre en montant vers la
cathédrale par un parcours qui va mêler des éléments
romains et d’autres gothiques. Passant des portes, montant des escaliers,
notre ascension nous projette tantôt dans l’antiquité,
tantôt vers le moyen âge. Les anciens palais faisant quelques
fois face aux ruines romaines. C’est ainsi que nous découvrons
une curiosité bien cachée : l’amphithéâtre
romain du Ier siècle. Il s’étend sur une
grande partie de l’ancienne ville, mais les constructions
modernes successives ne permettent pas aujourd’hui de le voir dans
sa totalité. C’est pourquoi le visiteur sera surpris d’en
découvrir des parties un peu partout pendant la montée vers
la cathédrale.
D’une capacité de 10 000 places, ses dimensions sont impressionnantes.
Il est encore possible de voir des restes des bains, de mosaïque
et la partie qui était réservée aux gladiateurs.
Certaines zones gardent encore la trace des gradins. La
visite de cette partie historique est si passionnante que nous n’avons
même pas remarqué que nous étions arrivés aux
abords de la cathédrale Saint Ciriacoqui
a elle aussi sa petite histoire.
En
effet, au moyen âge chaque ville se devait d’avoir son saint
et Ancône attendait avec impatience l’arrivée du corps
de saint Etienne, qu’on lui avait promis, le premier martyre chrétien.
Oui mais voilà, saint Etienne n’arriva jamais à Ancône.
Restant sans saint, chose incroyable et impensable pour l’époque,
la ville se désespérait. haut
de page C’est alors que Ciriaco
entre en scène. Selon la légende Ciriaco était un
juif qui s’était vanté de connaître l’emplacement
où se trouvait la sainte croix. Hélène la mère
de l’empereur Constantin fait donc le voyage jusqu’en terre
sainte pour demander à Ciriaco de lui montrer l’emplacement.
C’est ainsi qu’elle ramena la sainte croix.
Furieux que le jeune homme ait montré l’emplacement, l’empereur
Julien lui fait subir le martyre en commençant par lui couper la
main qui avait montré le lieu de la croix. Nous ne décrirons
pas le supplice du pauvre homme. Toujours est-il que la ville d’Ancône
tenait là son saint si longtemps attendu.
Il est possible de voir la chasse de saint Ciriaco dans la très
belle crypte. Le corps fut examiné il y a peu par une entité
non religieuse, afin de savoir si il s’agissait bien du saint en
question. Et d’après les résultats, il n’y a
aucun doute, car les traces du supplice ont bien été retrouvées
au niveau de son corps, comme elles avaient été rapportées. Autre particularité
de la cathédrale, le portrait de la Madone. Le
25 juin 1797 se produit
un événement : pendant une messe la sainte Vierge ouvre
les yeux et regarde la foule. Ce phénomène se produira pendant
5 mois. Napoléon qui occupe Ancône demande à ce qu’on
lui apporte le tableau en question. Il devra, malgré son incrédulité,
reconnaître le miracle. Alors qu’il avait dans un premier
temps envisagé de détruire la sainte image, il la fera finalement
escorter par une garde d’honneur jusqu'à la cathédrale
où nous pouvons toujours admirer son étrange et mystérieux
regard. haut
de page
Et
c’est la tête pleine de légendes et de miracles que
nous poursuivons notre route en nous enfonçant dans les
ruelles étroites de la vieille ville, dont certaines ont
des passages secrets qui étaient dédiés aux
contrebandiers, et sous l’imposante présence des palais qui
bordent chaque rue et chaque place d’Ancône. Nous étions
loin de nous imaginer, vue du port, combien la ville pouvait être
riche en monuments. La nuit finit par nous surprendre mais ne nous empêche
toujours pas d’apprécier la ville. C’est comme si nous
en voulions toujours plus, tellement nous apprécions la visite.
Et pourtant le temps n’est pas de la partie, la pluie persiste.
Mais à la lumière de la ville, Ancône s’illumine
davantage et scintille de mille feux pour que nous puissions continuer
à apprécier des lieux et monuments comme l’église
Santa Maria delle Piazza du XIIIème siècle, qui se trouve
dans le vieux quartier et qui
est une merveille, l’église saint François et sa façade
gothique ou la maison des marchands, aujourd’hui chambre du commerce.
Nous
passons devant le musée archéologique, un des plus célèbres
d’Italie dont il n’est pas difficile d’imaginer les
richesses que ses solides murs renferment.
Les places de la ville commencent à s’animer, bordées
de boutiques chics, de cafés et de restaurants, elles montrent
le dynamisme d’une ville moderne qui a su se bâtir sur son
histoire et quelle histoire !
Sans
cesse en marche la ville continue à innover et à créer,
comme le musée Omero, un lieu unique
pour une expérience hors du commun. Le musée où les
œuvres se dévoilent par le toucher. Les yeux bandés
c’est une visite uniquement sensorielle. Vous allez être étonnés.
Et puis il y a le Passetto.
Il faut s’éloigner un peu de la ville car il se trouve en
dehors du centre. Il vous faudra suivre la Viale della Vittoria qui vous
conduira sur la mer et, non seulement le cadre vous enchantera mais il
vous permettra d’apprécier pleinement celle que l’on
appelle la Riviera del Conero et qui possède certainement les plus
belles plages de la région.
Ancône
a de multiples visages et offre de nombreuses opportunités à
ceux qui auront la curiosité de s’y arrêter. Alors
n’hésitez pas, car vous y trouverez tout pour être
heureux !
Et nous… et bien nous aimerions bien la revoir, découvrir
d’autres de ses trésors et bien sur sous le soleil !
Au fait, d’où
vient le nom Ancône ?
Lorsque les grecs arrivent, ils découvrent un port naturel, bien
protégé grâce à sa forme en coude, ils donnent
donc au lieu le nom de «coude» qui en grec se dit Aykóv et
qui prononçait en latin donnera Ankôn signifiant un coude,
voire une courbure. haut
de page
Merci à Paola pour avoir
organisé notre visite, à l’association Riviera del
Conero pour son accueil et à Carida notre courageuse guide !