Entre
montagne et mer, Tolentino est une ville historique de premier ordre et
cela par bien des aspects.
Elle connaît en effet une activité très importante
dès la préhistoire comme en atteste les traces des différents
sites découverts, et des objets d’un grand intérêt
que l’on peut voir au musée archéologique d’Ancône.
Puis Tolentino va ensuite
se développer de manière considérable avec la civilisation
Picène apportant un certain faste à la ville.
Si
ces deux époques ont laissé des vestiges importants, il
n’en est pas de même avec l’époque romaine, qui
si elle a été présente à Tolentino, a vu la
plupart de ses marques effacées avec le temps et les différentes
constructions que subira la ville au cours de son développement,
notamment au Moyen Age, où la présence religieuse va tenir
une place importante et bâtir églises et monastères
sous l’influence de deux ordres majeurs : les franciscains
et les augustins.
Mais
à quelques petits kilomètres de Tolentino, le château
della Rancia renferme un musée montrant de belles pièces
relatives à la préhistoire, à l’époque
picène dont de nombreux objets retrouvés dans les nécropoles
alentours, et de belles pièces de l’ère romaine.
Mais nous reparlerons de ce château à la fin de notre article
pour vous en dire un peu plus à son sujet.
Revenons donc à
Tolentino qui après une ère de prospérité
et de relative paix, ne pourra
néanmoins
éviter les affrontements qui opposeront le Pape, l’Empereur
Fréderic II et le roi Manfred Ier et qui déstabiliseront
la politique régionale.
Il faudra attendre le XVIème siècle pour que Tolentino retrouve
un semblant de paix en tombant, comme beaucoup d’autres cités
des Marches, sous la domination des états pontificaux, une domination
qui s’étendra jusqu'à la révolution française.
Mais si la présence des états pontificaux reste mal perçue,
elle ne demeure pas moins une époque où Tolentino va renouer
avec une économie prospère et une grande activité
culturelle et artistique, notamment par l’intermédiaire de
son sanctuaire dédié à Saint
Nicolas, haut lieu de pèlerinage encore très apprécié
des pèlerins aujourd’hui.
Toutefois
l’arrivée de Napoléon va changer quelque peu la situation
et surtout va faire entrer Tolentino dans l’histoire.
Mais pourquoi cette introduction historique était-elle nécessaire
? Tout simplement parce que si l’on vient à Tolentino deux
lieux sont impérativement à découvrir, car étroitement
liés à la ville et à son histoire : la basilique
Saint Nicolas
et le Palazzo Bezzi avec ses salles napoléoniennes.
Et
pour point de départ d’une visite de Tolentino qui va vous
laisser sans voix, quoi de plus naturel que de la faire démarrer
à partir de sa Piazza della libertà, avec la tour de l’horloge
faisant partie de l’église Saint François, et qui
intrigue déjà le visiteur avec ses 4 quadrants indiquant
à la fois, l’heure, les minutes, les jours et les phases
de la lune. Une tour horloge astronomique unique en Italie et qui va égrener
les heures passionnantes que nous allons passer à Tolentino…
haut
de page
Commençons
par la visite de la basilique-sanctuaire de Saint Nicolas de Tolentino
et attendez-vous à être très surpris.
Ce
lieu est un des plus importants d’Italie. Construit à l’emplacement
du tout premier sanctuaire, c’est un bâtiment du XVème
siècle qui se dresse aujourd’hui avec une façade mêlant
de façon harmonieuse le gothique flamboyant à l’architecture
Renaissance, et si de premier abord elle ne vous parait pas très
grande, détrompez-vous car derrière sa porte se cache mille
et un trésors.
Mais qui était Saint Nicolas de Tolentino ? Après avoir
passé une partie de sa vie dans différents
couvents
de l’ordre de Saint Augustin, Saint Nicolas arrive à Tolentino
en 1275 et il y restera jusqu'à sa mort à l’âge
de 60 ans. La dévotion qui va se développer autour de ce
saint à la conduite exemplaire, sera due à de nombreux miracles
qui amèneront à sa canonisation en 1325. Au XIVème
siècle sa tombe sera profanée et pour éviter que
cela ne se reproduise le corps sera enseveli dans un endroit qui restera
secret. Ce n’est qu’en 1927, à la
suite de recherches que le corps du saint est découvert et qu’il
repose désormais dans la crypte.
Pénétrons
maintenant à l’intérieur du sanctuaire. 8 chapelles
se dressent de chaque côté de la nef au dessus de laquelle
nous pouvons admirer un plafond à caissons. Cette longue nef nous
conduit au chœur réalisé en bois de noyer au XVIIème.
L’autel est en marbre mais ne date que de 1905. Au dessus s’élève
un dôme
peint au XVIIIème présentant une reproduction de la vision
d’Ezéchiel de Rafael.
Traversant
ensuite plusieurs autres chapelles et suivant un parcours ressemblant
presque à un labyrinthe, nous finissons par arriver dans le lieu
le plus magnifique qu’il nous est été permis de voir,
La Chapelle. C’est en ce lieu que l’on a découvert
le corps de Saint Nicolas de Tolentino en 1927.
Là, c’est un pur moment de grâce. Nous souhaitons que
le temps s’arrête pour nous
laisser découvrir tout à loisir les splendides fresques
qui ornent les murs.
Ce
décor peint est un des plus grands et surtout des mieux conservé
du début du XIVème siècle.
Les fresques sont divisées en 3 parties. L’une racontant
l’histoire de la Vierge Marie, l’autre les retrouvailles de
Marie avec le Christ et la dernière la vie de Saint Nicolas de
Tolentino.
Elles
sont dues au peinte Pietro da Rimini, peintre fortement influencé
par Giotto.
Si
vous avez déjà eu la chance de voir les fresques de Giotto
dans la basilique de Saint François à Assise, vous allez
être surpris devant le chef d’œuvre qui se présente
à vous dans cette chapelle.
Les mots manquent presque pour décrire autant de beauté.
On dévore littéralement des yeux ces peintures d’une
incroyable douceur. Les détails, la qualité des fresques,
la beauté des personnages, tout fait de ce lieu, un endroit
unique, une merveille à l’état pur.
Il
nous est très difficile de quitter le lieu pour poursuivre notre
visite, mais une autre place de la basilique va se montrer aussi très
intéressante, celle concernant tout d’abord les crèches,
car l’ordre des augustins est très lié à cette
tradition. Il est donc possible de voir une de leur réalisation,
la Grande Crèche, dont le thème est différent chaque
année. Ce n’est d’ailleurs qu’à partir
du 24 décembre que celle-ci est dévoilée aux fidèles.
Elle reste ensuite exposée pour les visiteurs jusqu’au 30
octobre suivant. La réalisation, les détails, tout y est
de façon
à créer à chaque fois un tableau magnifique et plein
d’émotion. haut
de page
Nous
poursuivons notre visite avec un diorama racontant la vie de Saint Nicolas
de Tolentino. Bien évidemment au cours de la visite nous en apprenant
toujours un peu plus sur le saint, mais ce diorama avec ses 28 petits
scénettes et ses 400 figurines nous familiarise totalement avec
sa vie et les moments les plus importants de cette dernière.
La basilique renferme aussi un autre trésor, sa bibliothèque
avec une collection de livres extrêmement important faisant d’elle
un centre d’étude très réputé. La bibliothèque
a d’ailleurs été déclarée en 1988 d’intérêt
public et ses archives de grand intérêt historique. Déjà
au XIVème siècle le lieu était connu et déjà
réputé, il est donc facile d’imaginer les ouvrages
d’exception qu’elle
doit renfermer.
Nous
finirons cette visite en parlant du cloître qui date du XIVème
siècle et qui est un des plus anciens cloîtres de l’ordre
des augustins en Italie. Avec ses colonnes soutenant la loggia, ses arcs,
ses voûtes en berceau, son déambulatoire, tout n’est
qu’harmonie. A noter sur le mur côté nord, une fresque
représentant la Vierge et l’enfant du XIVème alors
que les autres fresques racontant des moments de la vie de Saint Nicolas
de Tolentino datent du XVIIème.
Ainsi s’achève notre visite de la basilique. Surpris par
la grandeur du lieu, par ses collections, sa beauté, l’ensemble
est un chef d’œuvre que l’on ne se lasse pas de visiter.
Une très très belle
découverte.
haut
de page
Dirigeons
nous maintenant vers un autre lieu de Tolentino, le Palais Parisani Bezzi.
Dans ce palais du XVIIème siècle, le 19 février 1797
fut signé le fameux traité de paix de Tolentino entre Napoléon
Bonaparte et le pape Pie VI. Il fallu plusieurs jours pour arriver à
un certain accord et la petite histoire dit que Napoléon finissant
par perdre patience avait tendance à faire des grands gestes montrant
son irritabilité, tenant alors en main la plume qui devait signer
le traiter il finit par faire de multiples taches d’encre sur la
table, table que l’on peut toujours voir aujourd’hui dans
la pièce même où eu lieu l’événement.
Les clauses de ce traité seront lourdes pour les états pontificaux
avec des pertes financières, des pertes
territoriales, la confiscation de nombreux trésors du Vatican,
tableaux, œuvres d’arts et l’autorisation pour les français
de pouvoir se rendre chez les
particuliers et dans les édifices religieux pour, littéralement,
se servir dans les collections privées.
Mais en 1815 le maréchal d’empire Joachim Murat sera vaincu
à la bataille de Tolentino par le général autrichien
Frédéric Bianchi et Tolentino retournera sous la domination
papale jusqu’en 1861 avec l’unification de l’Italie.
Le musée est agréable à visiter. En dehors de la
pièce du traité, il est possible de visiter une salle des
peintures, une chambre, dite chambre rouge, avec un lit à baldaquin
dans lequel aurait dormi Napoléon, donnant sur un petit cabinet
de toilette.
La salle à manger avec ses tapisseries, où séjournera
en 1815 le général Bianchi pendant
l’organisation de son affrontement avec le maréchal Murat.
Une anecdote dit que Bianchi
refusa
pendant son séjour, de dormir dans la chambre où avait dormi
Napoléon et qu’il choisi cette pièce pour sa grandeur
lui permettant de s’installer confortablement. Cette salle appelée
«des tapisseries» ne possèdent pas de vraies tapisseries,
il s’agit en fait de peintures murales imitant l’aspect de
tapisseries.
Les autres salles du palais vous mènent dans les parties dites
communes, comme la cuisine, et dans une pièce particulière
pour son décor au style pompéien qui surprend, car tranchant
complètement avec le style du palais.
Chaque année a lieu la reconstitution de la bataille de Tolentino
en costume d’époque (pour en savoir plus sur la reconstitution
de la bataille de Tolentino : voir
le site web), grâce à une association qui, par un énorme
travail de recherche a su reconstituer de manière parfaite l’événement.
Si vous êtes fans de reconstitution historique c’est quelque
chose qu’il ne faut donc pas manquer.
haut
de page
Un autre musée intéressant à Tolentino car unique
en Italie, le musée de la caricature. Fondé en
1961
il regroupe des caricatures des XIX et XXème siècle et chaque
année la ville organise un concours de la meilleure caricature.
Le dessin gagnant finit exposé au musée.
Ce lieu associe humour et talents venus du monde entier.
Satiriques ou comiques chaque dessin sait délivrer son message.
Sous chaque trait de crayon se dessine une pensée, une idée.
Une réflexion sur la vie, sur un personnage et l’idée
se transforme soudain en une image quelque fois cruelle, quelque fois
tendre.
Une chose est certaine, c’est le sourire aux lèvres que l’on
ressort de ce musée bourré de talents et de
bonne humeur. haut
de page
Pour conclure notre visite de Tolentino, nous finirons avec le château
della Rancia dont nous vous
avons
parlé au début de ce texte.
A peu de distance de la ville, cette ancienne grange, voire ancien grenier
à grains de l’abbaye de Fiastra est une grande bâtisse
carrée, assez imposante, avec des murs crénelés et
trois tours d’angle. Ferme fortifiée du XIème siècle
elle devient manoir au XIVème pour retomber dans le domaine clérical
au milieu du XVème siècle. La place est surtout connue pour
avoir été le champ de la fameuse bataille de Tolentino des
2 et 3 mai 1815.
Mais qui nous a amené
au château della Rancia c’est avant tout son musée
archéologique qui regroupe une collection d’objets allant
de la
préhistoire à la période romaine retrouvés
sur le territoire de Tolentino et qui montre l’importance de la
ville à travers ces époques.
Les fouilles réalisées dans les nécropoles des alentours
ont dévoilées de nombreuses pièces de qualité.
Poteries, armes, fibules, figurines, bijoux, statues, autant de temoignages
prouvant l’importance de la région à la préhistoire
et sous l’antiquité, mais aussi le talent de ses artistes.
Un autre lieu particulier du
château della Rancia, la collection de costumes et d’affiches
de la
compagnie
de music-hall du même nom : La compagnia della Rancia
Cette compagnie née à Tolentino en 1983 produit de nombreuses
comédies musicales et s’affiche dans le monde entier.
Ce musée est assez original et se visite avec plaisir.
C’est donc sur une
note musicale que nous quitterons Tolentino, après un dernier regard
sur la campagne marchesienne, dont les remparts du château permettent
une vue
exceptionnelle.
Une légende voudrait que, de ce château, un souterrain secret
mènerait à la basilique Saint Nicolas, mais nous ne l’avons
pas trouvé…. haut
de page
Tolentino renferme encore beaucoup de secret, mais les trésors
qu’elle dévoile déjà sont un véritable
plaisir pour le visiteur.
Merci à nos guides Francesca et Luca qui ont eu à cœur
de nous montrer le meilleur de Tolentino, ce fut vraiment une belle visite.
Il nous faut aussi remercier la ville de Tolentino pour nous avoir ouvert
les portes de ses musées, fermés le jour de notre venue.
Merci au personnel qui nous a gentiment accueillis et permis ces visites.