Avec ses dimensions hors normes, 49m de haut, il aura fallu 5 ans pour le construire. Seul exemple de pont antique à 3 étages encore debout aujourd'hui, il alimenta en eau la ville de Nîmes pendant 5 siècles. L’ensemble relève du génie.
Mais ce magnifique ouvrage aurait bien pu disparaître avec le temps, si en 2000 une importante opération de protection et d’aménagement n’avait été menée pour sauver et préserver ce site exceptionnel. Car pendant longtemps ce lieu est resté « sans protection » : au XIIème siècle on retire 12 arches du pont pour en récupérer les pierres et bâtir des églises, au XIVème on aménage un pont pour les charrettes, au XVIème les compagnons du Tour de France prennent pour habitude de venir y graver leurs marques, afin de rendre hommage à l’architecture antique, au XVIII on y accole un pont routier. C’est au XIXème que l’on doit les premières restaurations, grâce à Prosper Mérimée qui est alors premier inspecteur des monuments historiques. Il fait ainsi inscrire en 1840 le Pont du Gard sur ce qui sera la première liste des monuments historiques majeures en France.
Mais le XXème siècle voit arriver un nouveau danger : le tourisme de masse. Ouvert sans contrôle du public, le site du Pont du Gard va connaître une utilisation peu respectueuse de son environnement. Les vibrations dues aux voitures qui empruntent le pont routier le fragilise, et en 1959 on y installe un camping. Heureusement, le Pont du Gard est inscrit en 1985 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. On sauve de cette manière non seulement le pont, mais tout son environnement. Il faudra tout de même attendre 1998 pour que le projet d’aménagement du site soit adopté. Deux ans après le résultat est superbe et c’est celui que chacun de nous peut aujourd’hui admirer.
165ha d’un paysage classé sert aujourd’hui d’écrin au Pont du Gard. Mais pour sensibiliser il fallait aussi créer un espace dédié à l’histoire et à la nature.
C’est le rôle du bâtiment, côté rive gauche, qui accueille un musée, un cinéma, une exposition temporaire et un espace destiné aux enfants de 5 à 12 ans. Notre conseil serait de commencer votre visite par cet espace, il vous permettra de mieux apprécier et de bien comprendre l’histoire du Pont du Gard. Le film dure 15mn et comme l’indique son titre « Un Pont traverse le temps », il vous fait vivre toutes les étapes de la vie du pont, de l’antiquité au XXème siècle. Le musée, lui, est remarquable. Nous avons beaucoup aimé la façon dont l’histoire du pont et de l’aqueduc sont mis en scène : l’eau bien évidemment, l’architecture, la construction et ses techniques et puis la vie autour. Ambiance sonores, reconstitutions, vidéos. Compter 3h pour vraiment découvrir le musée comme il se doit. Il est également intéressant de compléter la visite du musée avec l’exposition temporaire dont les thèmes sont « l’eau, l’homme et la pierre en milieu méditerranéen ». haut de page La salle consacrée aux enfants est un espace qui se veut ludique et pédagogique. Elle offre aux jeunes publics 600m² pour s’amuser tout en apprenant avec un parcours mêlant jeux et découvertes. L’enfant pourra ainsi à son tour comprendre et apprécier le site du Pont du Gard et qui sait s’il ne donnera pas quelques leçons à ses parents ensuite… Vous voici maintenant parfaitement informés sur le site, il ne vous reste plus qu’à partir à sa découverte et comme vous pensez que le lieu n’a plus aucun secret pour vous, vous ne serez peut-être pas préparés au choc, lorsque cette merveille construite entre 40 et 60 après J.C. va se présenter à votre regard. On l’imaginait beau, il est splendide. Les émotions se bousculent : de la surprise d’abord, on le savait grand, il est impérial ; de la joie car enfin nous le découvrons, de l’émotion devant 20 siècles d’histoire ; du respect devant la prouesse technique.
Il nous faut l’admirer de plus près. Sa pierre qui joue avec le soleil devient tour à tour jaune, blanche ou ocre, ses arches si robustes puisqu’elles ont traversées les temps, nous semblent soudain si fragiles, mais peut-être est-ce dû à la délicatesse de leurs courbes si douces, et son reflet qui joue sur les eaux du Gardon nous renvoie une image soyeuse et élégante. Nous sommes petits, tout petit devant si grand ouvrage. Il nous faut rendre pour cela hommage aux ingénieurs romains qui ont réussi ici, une prouesse technique.
Il est possible de visiter le canal du 3ème étage qui vous permet de suivre le parcours qu’empruntait l’eau et qui aura aussi l’avantage de vous faire prendre de la hauteur pour contempler la nature environnante. haut de page Une nature préservée et magnifiquement « exposée » grâce à un parcours appelé « Mémoires de garrigue ». Vous pouvez prendre le chemin qui y conduit sur la riche gauche du pont. 15ha vous raconte l’histoire du paysage méditerranéen avec 3 thèmes : l’agriculture, la forêt, les pâturages. Les sols ont été remis en culture avec 300 oliviers, 144 arbres fruitiers, 70 chênes et des vignes qui ont été replantés. La nature peut s’exprimer de nouveau et partager avec nous ses couleurs, ses parfums et sa musique que le vent capricieux du sud provoque en faisant chanter les arbres. A si peu de distance du pont et de l’activité qui y règne, on se surprend à trouver le lieu reposant, apaisant, l’immersion au cœur de la garrigue est parfaite. Ne négligez pas cette balade, elle est un lien entre l’histoire, les hommes et le pont. Elle fait partie intégrante du site de Pont de Gard et sait réveiller nos mémoires et nos sens.
Il nous faut maintenant littéralement nous arracher à cet endroit qui nous a pris au cœur. Le temps passe trop vite et il a encore tellement à nous montrer et à nous raconter. Ce sera donc sur un « au revoir » que nous quitterons le Pont du Gard.
Merci au Comité Départemental duTourisme et à Dominique Reynert pour nous avoir ouvert les portes de ce lieu remarquable, classé Grand site de France. haut de page