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Voyage au Cambodge
Je suis arrivée à Phnom Penh par la « Royal Air
Cambodge » en provenance de Bangkok. Vol court et service parfait. (
j'avais raté mon vol du matin, le 25 décembre 96, et pris le vol du
soir sans problème) Les visas étant délivrés
à l'aéroport
de la capitale, j'en ai profité. Encore une fois, j'ai partagé un taxi
avec d'autres voyageurs, et je suis allée dans un guest house au bord
du lac Tonle Sap, très belle vue, et question vie nocturne, les insectes
se font une de ces fêtes...
Quelques jours après je retrouvais une amie Belge vivant ici, et elle
m'accueillit superbement...Dans un riche quartier de la ville, une petite
rue calme, un appartement très luxueux, une terrasse de rêve, bordée
d'énormes plantes vertes de toutes sortes, palmiers, et autres natures
exotiques...Je suis restée chez elle deux semaines, j'ai pris le temps
de visiter la ville folle de Phnom Penh, essayer les motos-taxi, m'asseoir
en amazone, comme les jeunes cambodgiennes... C'est assez confortable
je trouve, j'aime beaucoup !
La circulation est cocasse, chaotique, des motos, cyclos-pousse, quelques
voitures, mais très peu si ce n'est des grosses cylindrées, pas de taxi
«normaux », que des motos-taxi ! (en 97)
La plupart des routes sont en terre battue, les belles villas, subsistantes
de la « plus belle ville d'Indochine », qui les longent sont bien sales...
Phnom Penh s'étend au confluent de trois grands fleuves : le Mékong,
le Tonlé Sap et le Bassac, il fait bon se reposer sur l'une des rives,
et regarder les pêcheurs jetant leurs filets ronds, ou se faire aborder
par un marchand de glaces faites maison (...) , parlant français, le
regard expressif, mais triste... Ce qu'ils ont vécu sous Pol Pot ne
date que de 20 ans!!! Les jeunes d'aujourd'hui peuplent les rues, les
night-clubs, parlent l'anglais... (du moins essaient.... )
Beaucoup d'expatriés se sont installés, certains travaillent dans des
ONG, d'autres ont des restaurants, c'est très agréable de retrouver
la cuisine française après plusieurs mois de voyage, malgré
que la ville regorge de délicieux petits restaurants et gargotes de
toutes sortes...
27/12/96
Assise au pied du Wat Phnom, je découvre l'histoire de ce petit temple
qui veut, selon la légende, que Dame Penh fit construire pour abriter
les images en bronze du Bouddha qu'elle avait trouvé au creux d'un arbre
qui dérivait au gré des flots.
Haut de 27 mètres, il domine Phnom Penh qui signifie « Le mont de la
Dame Penh ». Le stupa contient les cendres du roi Pona Yat, bâtisseur
de la ville.
Située dans l'enceinte du Palais Royal, une autre Pagode, et non des
moindres, le "Wat Preah Kaeo" est plus connu sous le
nom de la Pagode d'argent dont le sol est fait de 5000 pavés d'argent
pur, pesant chacun 1100 grammes. Le centre de la Pagode abrite un petit
Bouddha de cristal du 17eme siècle, et devant lui, trône un grand Bouddha
de 90 kilos d'or massif et incrusté de 9584 diamants, ce sont les bijoux
du Roi Norodom Sihanouk (1859-1904) dont le visage est à son effigie.
De chaque côté, méditent
un nombre incalculable de Bouddhas, représentant des hauts dignitaires
bouddhistes, dont l'un est recouvert de 1000 diamants...
Phnom Penh est une petite ville calme en apparence, facile à s'y retrouver,
car les rues sont numérotées. La meilleure saison pour venir au Cambodge
se trouve dans la période sèche, de novembre à mars, le ciel est alors
tout bleu, la chaleur est plus supportable car les pluies sont finies...
Janvier 97, je prend le bateau rapide pour Siam Reap, la petite ville
près du fameux site d'Angkor...
« Installe-toi sur le toit, c'est plus safe! » Ça fait
presque cinq heures que je suis installée sur le toit de ce "speed"
boat, j'entends des drôles de sifflements passant près de moi, "COUCHES-TOI!!!"
me crie ma voisine... On tire???.. Sur nous???... C't'une blague???!!!
Ben non! ..... Ça commence bien! Bon, j'arrive quand même entière
à Siam Reap... Je me suis trouvée un bien mignon guest house, le "Naga
G.H.", 1$ la nuit!! La salle de bain est commune, mais qu'est ce
qu'elle est clean! J'installe mes affaires, papote avec les proprios,
et décide d'aller au marché, le resto du guest est un peu cher quand
même.. Sur le chemin, des cambodgiens me regardent, et rigolent sur
mon passage, serait ce à cause de mes deux tresses et de mon sarong?
Je croise d'autres touristes,
en short et dos nus, mais je
suis bien comme je suis... J'ai un très bon feeling dans ce gros village
qu'est Siam Reap, très peu de voitures.. Poussière et chaleur à volonté,
mais on est moins harcelé qu'à Phnom Penh. je dîne d'un "Homock
poisson" dé-li-cieux!!! Un peu comme un curry rouge Thaï au poisson,
mais moins épicé et avec plus de lait de coco et puis d'autres herbes...
j'adore les marchés, c'est parfois vraiment une énigme de savoir ce
qu'ils vendent... J'aperçois une petite échoppe de jus de canne à sucre,
j'adore les jus de canne à sucre! Drôle de goût.. Un peu amer.. C'est
pas du jus de canne à sucre... Je ne parviens pas à savoir ce que c'est...
- "Vous parlez français?" me dit le marchand, tout ridé. -
"C'est du vin de palme. Le matin, le vin est très doux, et au fur
à mesure que la journée se passe, il devient plus amer, il faut revenir
demain matin, pour goûter la différence.. Vous êtes française?"
- "Non, Belge".. - "Oh, c'est terrible ce qui se passe
chez vous avec les petits enfants!" (Mais c'est pas vrai!!! Marc
Dutroux devient le Belge le plus célèbre!!! Déjà en Birmanie on m'avait
dit la même chose !!!)
Je continue mon petit tour, et retourne au Naga. J'installe mon hamac
sur "ma" terrasse, et regarde les gens passer sur le petit
chemin de terre rouge qui longe le guest house. Quasi tout le monde
porte le "krama", foulard à carreaux typiquement khmer.
On retrouve les chapeaux de paille pointus, toute une famille, parfois
jusqu'à quatre générations, sur une même petite moto.. Le hamac est
un peu mon "fauteuil de voyage", j'essaie toujours dans avoir
un dans mon sac.. J'suis cooool......
Tellement heureuse...
Angkor Vat, 5h 45 du mat'.
Le
soleil pointe son nez derrière le temple, sur l'étang les fleurs de
lotus rose s'ouvrent lentement à la lumière du jour. Le ciel est tout
dégradé pastel, bleu, rose, orange, il fait encore quasiment nuit dans
mon dos.. Les oiseaux s'éveillent et chantent de bonheur. Les moines
dans leurs robes orange, s'en vont, leurs grands bols noirs en main,
chercher leur déjeuner au village, et "mendier" de
porte à porte. Une fois passé midi, ils ne pourront plus manger jusqu'au
lendemain. Je ne trouve pas de mots assez beaux pour exprimer mon émotion
devant un tel spectacle. Je rentre dans le temple, monte les escaliers,
m'assois, et m'extasie... Les Apsaras, danseuses des dieux, sont superbement
sculptées partout dans la pierre... J'ai des frissons de bonheur, je
rentre, et admire d'abord une statue de Vishnu, aah, je l'aime bien
celui-là! Plein d'offrandes
autour de lui, des fleurs fraîches sur ses épaules, il est magnifique...
Angkor
Vat est gigantesque, c'est le mieux conservé de tous les temples dispersés
dans Angkor. Je ne sais pas où jeter mon regard, mes yeux grands
ouverts malgré la fatigue, je suis au septième ciel. Je fais le tour
des terrasses, 500 m. de chaque côté, et regarde attentivement les murs
où sont délicieusement gravées des histoires du Ramayana, comme
celle de Krishna, conduisant Garuda à une bataille. Il gagne contre
Bana, qu'il capture et demande la grâce de son prisonnier auprès de
Shiva. Sur les
terrasses supérieures, les Asparas dansent, elles sont féeriques, je
ne trouve pas d'autres mots... Je reste dans Angkor Vat jusqu'à la tombée
de la nuit...
Ta Phrom, 6 heures du mat' le lendemain... . Ah ....Glub....
WAOUOUOUOUhhhhh....... Pfff..... C'est trop beau, c'est pas possible!!!
Au dessus de la porte d'entrée, un énooorme visage regarde vers les
quatre points cardinaux. Je rentre, marche sur le chemin de terre, et
je ne m'en écarte pas à cause des mines... Il fait un calme incroyable,
je suis bouche bée, la seule si tôt ce matin, "je découvre"
Ta Phrom, à moitié enfoui dans la jungle...Encore
des statues merveilleuses sur les murs, parfois cachées par d'énormes
racines.
Bien
installée à coté d'une Apsara, je contemple, je rêve, je délire...Devant
moi, un gigantesque arbre mort aux délicieux reflets d'argent, se dresse
majestueusement au dessus d'un mur du temple. Ses grosses racines de
chaque côté du mur, se mêlent aux pierres, si vieilles et si belles,
si colorées, allant du gris clair au turquoise, en passant par le rouge,
le gris foncé, le beige... Elles se mêlent aux feuilles et branches,
aux buissons grandissant jusqu'à devenir de majestueux et merveilleux
arbres..
La nature, la jungle tout autour dégage une odeur très douce, très agréable.
Il a plu cette nuit, ça accentue l'odorat. D'étranges cris d'oiseaux
viennent ajouter une mélodie fabuleuse au charme et à l'harmonie
que dégage Ta Phrom.. J'observe
de tous mes sens, vue, odorat, toucher, je profite de l'instant présent,
j'écoute les sons de la nature, les cris étranges de je ne sais quel
animal, les chants aux tonalités différentes des multiples oiseaux multicolores.
Cet endroit, a un goût de Nirvana. De très nombreux papillons jaunes,
rouges, bleus, noirs, blancs, de formes et de grandeurs variées virevoltent
dans l'air humide de ce printemps khmer.. Les pierres commencent à être
un peu dures pour mes tendres fesses... Je m'en vais chercher un autre
petit coin peinard, où je pourrai installer mon hamac.
Ce matin après un extraordinaire petit dèj', j'ai pris une moto taxi
et suis partie visiter les trois temples du « Roluos Group» qui comprend
le «Bakang », le « Preah Ko », et le « Lolei » où je suis actuellement.
Un monastère a été construit autour du Lolei, quelques moines me disent
des « hello what's your country ? », me demandent des cigarettes( !),
et nous parlons cinq minutes en petit anglais-petit khmer (petit chinois
quoi) ensuite j'installe mon hamac entre deux cocotiers, et me voilà
encore en train de rêver devant un temple. Quelques Apsaras bien jolies
subsistent, gravées dans la vieille pierre. J'entends les moines chanter
leurs prières Bouddhique, j'adore les vibrations que ces chants dégagent,
même si ça peut paraître monotone
à certains.
Une
superbe khmère est à côté de moi me regardant écrire, je lui ai expliqué
que j'écrivais mon journal de voyage, je pense qu'elle a compris. Deux
tout vieux moines sont venus me regarder, ils sont géniaux ! Il y en
a un qui n'a presque plus de dents tellement il a mâché du bétel ! Il
éclate de rire en voyant la touriste installée dans son hamac et dans
le jardin de leur monastère. Je ne pense pas qu'ils voient souvent des
touristes perchés entre les cocotiers des temples ! Dans un quart d'heure,
je reprendrai la moto-taxi (motodop' comme on dit ici) et j'irai encore
contempler le coucher de soleil à Angkor Vat, après 17h, il ne faut
plus de tickets).
La jolie Khmère est toujours là m'observant
dans tout les détails, et je fais de même...Elle a un chemisier tout
simple, mais d'un sublime
bleu roi. Son sarong orange est brodé de fleurs rouge foncé, ses longs
cheveux noirs sont accrochés avec une fleur de frangipanier qui dégage
un parfum sucré et envoûtant. De petites boucles d'oreilles en anneaux
d'or. Mince, quelques rides déjà se sont installées, elle ne doit pas
avoir plus de 40 ans. Ses grands yeux noirs sont bridés mais presque
ronds, je n'ose pas la prendre en photo. J'ai réussi à lui demander
son âge, elle a 33 ans. Ça y est, 4 jeunes viennent d'arriver,
et me regardent écrire en papotant. L'un deux doit avoir 6 ans, qu'est
ce qu'il est sale ! Tout noir, mais vraiment tout mignon aussi. Les
jeunes filles bien sur « By a scarf Madam » (achetez un foulard madame),
je n'en ai pas besoin, mais leur en prend un quand même, à 1$, je ne
marchande pas... Deux autres jeunes filles sont venues s'ajouter au
groupe de spectateurs ! Je dois vraiment avoir l'air folklorique pour
eux !
Le drapeau du Bouddha flotte au vent, au sommet du stupa blanc, je vais
arrêter ici le spectacle, et vais aller voir le sunset sur Angkor Vat.
Au revoir petites filles et jolies femmes, vous avez de ces yeux...
Pendant que vous vous extasiez sur ma peau blanche, je m'extasie devant
vos sourires, superbes, vos yeux noirs comme toujours souriants, et
votre curiosité apparemment toute naturelle. Le
chemin du retour fut encore une fois vraiment grandiose... Le chauffeur
conduit bien sur ces routes défoncées,
je voudrais prendre des photos non stop, il me faudrait plutôt une caméra!
Les villages que nous traversons sont très typiques, les gosses nus
devant le pas de la porte, les femmes tirant de l'eau au puits, ou faisant
leur lessive, les hommes s'occupant des animaux dans la rivière, ou
au volant de deux ou trois roues remplies de choses des plus diversifiées.
Le coucher de soleil sur Angkor Vat est encore une fois extraordinaire...
Les rayons percent les nuages, les différents tons de bleus ou de roses
partout autour du temple me font l'effet d'un voyage sous une drogue
hallucinogène, je ne réalise pas que je ne suis pas devant la
télé, ou dans mes rêves d'adolescente...
Le lendemain, au resto du guest house, il est 7h du mat', Lucio s'en
retourne à Phnom Penh, il s'était acheté un ticket d'une semaine pour
visiter le site d'Angkor, et ne l'a utilisé que cinq jours,
il me le donne, chouette, encore
deux jours de visite gratuite pour moi ! Je suis ici depuis 15 jours,
je ne me lasse absolument pas de voir ces temples grandioses. Je suis
installée sur un muret entourant Angkor Vat, le soleil perce difficilement
les nuages. A l'entrée principale, un aveugle joue d'un espèce de violon
à trois cordes, une jeune Khmer vend du vin de palme (je lui en
prends deux verres), une autre des boulettes de pudding à la noix de
coco. Je ne parviens pas à décrire ce merveilleux temple, je voudrais
bien mais je ne me sens pas capable de le décrire avec l'honneur qu'il
se doit.
Une légende s'y attache... Indra, le roi des dieux, voulu que son fils,
Kétoméala, destiné à régner sur le Kampuchéa eut un somptueux palais.
Il l'emmena visiter ses propres palais célestes, et Kétoméaléa, par
modestie choisit les écuries. Pisnouka, fils d'une danseuse céleste
ayant appris les arts aux pays des dieux, fut envoyé comme architecte.
Angkor Vat (la ville temple) fut donc construit. Indra fut ravi, il
y présida le couronnement de son fils. Pisnouka construisit d'autres
temples dans Angkor Tom (la grande ville), et encore maintenant, à chaque
nouvelle construction, une offrande est donnée à Pisnouka..../...
Je commence seulement à réaliser que je me trouve dans un des plus beaux
endroits au monde, et je dois penser à repartir vers la capitale...
J'ai réservé une place dans le « medium boat », demain, réveil à 5h
30 du mat'.........
Récit de Fabienne.
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